Dis maman qu’ y a – t – il dans la dette extérieure ?

Ma chère fille, cela dépend comment tu considères la composition de la Dette extérieure d’ un pays. On peut voir le côté « obscur » de la Dette extérieure, c’ est – à – dire ce qui la caractérise :

+ D’ abord la dette légitime : dette pour le fonctionnement de la Justice d’ un Etat par exemple

+ Ensuite la dette illégitime : dette pour mener la guerre en Afghanistan par exemple

+ Enfin la dette odieuse selon les 3 critères inventés par Alexander SACK en 1927. La Dette Odieuse est soumise à 3 conditions:

* Elle a été contractée par les dirigeants d’ un pays sans la consultation et l’ approbation des citoyenNEs

* Les fonds empruntés n’ ont pas été investis dans des biens destinés aux citoyenNEs

      * Les prêteurs étaient informés de ces faits mais n’ en ont tenu aucun compte

On peut considérer aussi pour quels financements la dette a été crée : par exemple, pour les Pays En développement (=PED), la dette se compose de 3 éléments :

La dette commerciale : part privée (44%)

La dette bilatérale publique (= entre 2 Etats), il faut l’  accord nécessaire du Club de Paris (= les 19 pays les plus riches) : 22%

La dette multilatérale publique (= entre plusieurs Etats): il faut l’ accord du FMI pour contracter un emprunt international : 34%

 

Mais de quoi est composé la dette extérieure de la France ? Cette dette est composée des emprunts que fait l’ Etat par les 3 sortes de Bons du Trésor : les obligations assimilables du Trésor (OAT), les bons du Trésor à intérêts annuels (BTAN) , les bons du trésor à taux fixe (BTF).

 

C’est compliqué ! Est – ce qu’ il est possible de savoir qui détient la dette extérieure de la France par exemple ? Alors là, ma fille, il est interdit par la loi française de connaître qui possède la dette Publique Extérieure : « par l’ article. L. 228-2 du code de commerce, décret d'application n° 2002-803 du 3 mai 2002 publié au Journal officiel du 5 mai 2002, l’ article L. 212-4 du code monétaire et financier relatif à la nominativité obligatoire) n'autorisent les conservateurs d'instruments financiers (Euroclear France pour les titres d'État français) à communiquer aux émetteurs la liste de leurs détenteurs finaux qu'aux seuls émetteurs d'actions, de bons de souscription d'actions ou d'instruments de taux donnant immédiatement ou à terme accès au capital. » Je te cite la réponse du Ministre du Budget  Eric WOERTH à une question d’ une députée en 2008.

Donc pour connaître les possesseurs de la Dette Publique extérieure , il faudra changer cette loi en exigeant l’ instauration d’ un registre obligatoire des détenteurs de la dette publique. Et exiger la transparence des chambres de compensation internationales au niveau européen.  Auparavant il faudra mener un audit citoyen sur la Dette extérieure. 

 

On ne put vraiment rien savoir ? Si, mais indirectement grâce à deux sources d'information :

·        les statistiques de la balance des paiements fournies par la Banque de France qui portent sur la détention de la dette de l'État par les non-résidents. L'étude annuelle publiée par le Fonds monétaire international (FMI) qui fournit davantage de détails sur la répartition de détention par pays mais qui porte sur un périmètre qui est plus large que celui des seules dettes gouvernementales (dette publique et dettes bancaires).

·       La direction de la balance des paiements de la Banque de France fournit les données concernant la détention de la dette française par les non-résidents. Donc nous savons que  70,6 % de la dette négociable était détenue par les non-résidents, au mois de juin 2010.

 

Voilà tout ce que je sais pour l’ instant. Maintenant tu peux demander à tes copines de classe de t’ aider dans tes recherches.

Pour la maman             Gérard ESTIOT

 

 

Dis maman pourquoi parle – t – on sans arrêt du FMI ?

 

Mon cher enfant, tout le monde parle du FMI car celui-ci intervient sans arrêt dans beaucoup de pays pour leur dire et surtout leur imposer ce qu’ ils doivent faire. J’ avais déjà expliqué à ta sœur que le FMI n’ existait que pour un seul but : défendre le système financier international, il le dit lui- même : « L’objectif premier du FMI est de veiller à la stabilité du système monétaire international. » Pendant longtemps le FMI est intervenu dans les Pays en voie de développement en leur imposant des plans d’ ajustements structurels (les fameux PAS) qui détruisaient les services publics et les infrastructures étatiques en retour de son aide financière.

 

Pourquoi le FMI agit ainsi ? Comme je te l’ ai dit, il protège le système financier international et pour cela il faut détruire les barrières douanières, les règlements des Etats, tout ce qui nuit à l’ arrivée directe des capitaux privés sur les marchés.

Et il a fait la même chose pour des pays européens, par la même méthode du chantage au versement d’ aides financières. Je te donne 5 exemples, au temps monsieur Straus-Kahn dirigeait encore le FMI :

Le FMI prête à la HONGRIE en octobre 2008, 12,3 milliards d’ euros. En contrepartie, il veut la hausse de 5% de la TVA, le gel des salaires de la Fonction Publique pendant 2 ans, que l’  âge légal de la retraite soit porté à 65 ans, la suppression du 13° mois des retraités, la baisse des aides publiques (agriculture et transports publics).

Il prête à l’ UKRAINE en novembre 2008, 13 milliards d’ euros. Il demande en contrepartie l’ augmentation de 20% des tarifs du gaz, que la retraite des femmes doive passer de 55 à 60 ans, puis alignement à 65 ans pour tout le monde .  Il refuse de verser sa 4° tranche devant les augmentations prévues du salaire minimum (11%) et du minimum vital (12%). Le gouvernement ukrainien est obligé de réformer sa Fonction Publique et d’ augmenter encore le gaz.

Il prête à la LETTONIE en décembre 2008, 7,5 milliards d’ euros, avec le concours de l’ UE . En contrepartie, il demande la baisse de 15% des dépenses publiques, la réduction de 20% des salaires de la Fonction Publique, la  baisse des retraites de 10% . En décembre 2009, la Cour Constitutionnelle de LETTONIE rejette la baisse des retraites. Mais le gouvernement lettonien ferme des écoles et des hôpitaux,  baisse certains salaires jusqu’ à 80%, baisse le taux d’ imposition des sociétés à 15%, réduit le budget de l’ Etat de 500 millions d’ euros pour obtenir le versement de la 3° tranche du FMI.

Il prête à la ROUMANIE en mars 2009, 12,9 milliards d’ euros. En contrepartie, il veut le gel des salaires et des retraites, la baisse de 15%  du salaire des fonctionnaires, la baissede 15% des allocations de chômage et des retraites, que la TVA soit portée à 24% , sinon il menace de ne pas verser sa 7° tranche. De plus il intervient directement dans l’ établissement du Budget de la Roumanie en 2011.

Enfin il prête à la GRECE en mai 2010, 30 milliards d’ euros. Comme contrepartie, il impose un plan d’ austérité draconien avec la complicité du reste de la Troïka (= la BCE et la Commission européenne). La GRECE doit vendre pour 50 milliards d’ euros de structures publiques : ports, autoroutes, aéroports, chemins de fer et des services publics (électricité) ; elle doit baisser les salaires dans la télévision et les transports publics, baisser les retraites et les salaires des fonctionnaires. La GRECE est à genoux : elle emprunte à 17% de taux d’ intérêt. Quel que soit le gouvernement en place dans un pays, le FMI applique sa même politique de destruction des services publics et de la Fonction Publique,  de régression sociale et d’ attaque du marché du travail.

Bon maintenant, va aider ta sœur à établir ses graphiques des marchés financiers internationaux.

Pour la maman                   Gérard ESTIOT

 

Dis maman c’ est quoi le FMI ?

 

Ma chère enfant, le Fonds Monétaire International est un organisme qui s’ occupe des finances internationales, donc qui agit en fait uniquement pour elles, c’ est – à – dire il fait tout pour les protéger : « l’objectif premier du FMI est de veiller à la stabilité du système monétaire international. » site du FMI.  Il est auto - proclamé cela veut dire qu’ il se considère , avec sa complice l’ Organisation Mondiale du Commerce, comme les deux organismes qui doivent diriger le Monde et à qui tous les Gouvernements et les Institutions démocratiques internationales doivent obéir.

 

Et comment fait – il ?

C’ est simple : le FMI fait des rapports dans lesquels il donne des ordres aux Etats et en plus il se trompe dans ses expertises. Un seul exemple : voici ce qu’ il dit de la situation de la France le 30 juillet 2010 dans son Bulletin en ligne :

«  Grâce à un secteur financier relativement solide, à l'ampleur des dispositifs de protection sociale, au fait que les autorités sont intervenues en temps opportun et de façon décisive, et à l'ouverture commerciale relativement plus faible du pays, la France a été moins touchée par la récession que l'ensemble de la zone euro et elle en est sortie au deuxième trimestre de 2009. » page 1. Ce que n’ a pas vu le FMI c’ est que la croissance a ralenti pour être nulle aux 2° et 3° trimestres 2011 et que les banques françaises ont investi dans les dettes souveraines de la Grèce, de l’ Espagne, du Portugal et de l’ Italie. Résultat : la spéculation financière a fortement attaqué les banques françaises au mois de septembre 2011 grâce à la complicité des agences de notation.

Un autre exemple d’ ordre : « Pour préserver la viabilité budgétaire sans compromettre la reprise, les efforts d’ajustement doivent être concentrés sur les mesures qui nuiront le moins à l'activité économique, à savoir la réforme des prestations des systèmes de retraite et de santé. » page 2. Les agences de notations disaient elles aussi la même chose. Alors Nicolas Sarkozy et son gouvernement ont docilement obéi : réforme des retraites, taxation doublée des mutuelles de santé, déremboursement des médicaments….

Et le FMI intervient même dans la politique gouvernementale des salaires : « Pour accroître la compétitivité de l’économie française et mettre à profit l’expansion du commerce international, il faut de nouveau privilégier les mesures propres à modérer la croissance des coûts salariaux, intensifier la concurrence et promouvoir l’innovation. » page 3

 

Et comment on entre au FMI ?

C’ est pas compliqué : c’ est suivant l’ argent , les quotes-parts de 100 000 dollars, que tu apportes. Sauf que, depuis que le FMI a été crée en 1945,  voici la répartition des voix dans le FMI entre les quotes-parts et les Droits de vote : Etats-Unis 17,09% 16,79% / Japon 6,13% 6,02% / Allemagne 5,99% 5,88% / France 4,94% 4,86% / Grande-Bretagne 4,94% 4,86% / Chine 3,72% 3,66% / Italie 3,25% 3,20% / Canada 2,93% 2,89% / Russie 2,74% 2,70% / Pays-Bas 2,38% 2,34% / Belgique 2,12% 2,09%. Les USA ont une minorité de blocage car il faut 85% des voix pour modifier une charte. Et les petits pays européens ont autant de poids que la Chine par exemple. Ce n’ est pas un système démocratique mais qui fonctionne sur le principe : un dollar = une voix.

 

Je te parlerai plus tard de ce qu’ a fait le FMI en Europe. Pour l’ instant, débarrasse la table et aide ton père dans sa comptabilité.

Pour la maman            Gérard ESTIOT

Dis maman est – ce que l’ UE contrôle la finance ?

Mon cher enfant, l’ Union européenne ne contrôle pas  la finance pour plusieurs raisons : la première raison c’ est que tous les traités européens depuis 1957 permettent la libre circulation des capitaux. La seconde raison c’ est que la première directive sur les Marchés financiers a largement déréglementé ce secteur car les Bourses ont été privatisées et les banques ont créée des plateformes électroniques alternatives qui leur permettait de contourner le peu de réglementation qui restait. Ce sont les « dark pools » et autres « crossing networks », et par voie de conséquence, une part significative des flux de transactions (les fameuses transactions de gré à gré) ne répondait plus aux obligations minimales de transparence, grâce à un régime d'exemption obtenu pour la City de Londres par la Financial Services Authority britannique. Alors l’ UE a décidé, par sa seconde directive sur les Marchés financiers, de créer un autre lieu par lequel les transactions OTC (= over the conuter, de gré à gré) doivent passer. L’ UE a appelé cela les « organized trading facilities » (OTF). Mais , la Commission européenne n'a pas été jusqu'à en limiter la part de marché ( 16 000 milliards de dollars selon la Réserve Fédérale américaine), donc même si ces OTF doivent désormais répondre à des obligations de transparence, elles restent des infrastructures privées et les banques feront toujours ce qu’ elles veulent sur la manière dont seront opérées les transactions. Un lobbyiste a même dit : sous couvert de réglementation, « on accompagne l'installation d'un oligopole bancaire sur les marchés d'actions, à l'image de ce qui existe déjà pour les dérivés et les obligations ».

Mais, et les autres produits financiers ? Eh bien , mon cher fils, l’ UE en interdit certains comme les CDS nus (depuis le 18 0ctobre seulement). Je te rappelle que les CDS sont des sortes d’ assurances contre le défaut de paiement d’ un Etat sur le remboursement de ses obligations, mais les CDS nus ne sont rattachés à aucune obligation ; la banque américaine GOLDMAN SACHS en a largement profité de ces CDS nus non rattachés aux obligations du Trésor grec. Ces titres financiers sont purement spéculatifs. L’ UE a mis en place trois organismes européens de contrôle sur les banques, les marchés financiers et les assurances, mais toute la partie du shadow banking (= banque de l’ ombre) y échappe.

 

Pourquoi l’ UE n’ arrive – t – elle pas à contrôler la finance ? Pour deux raisons : à cause du droit européen (c’est – à – dire les Traités, les directives et les règlements) qui la favorise et parce que l’ UE n’ a pas de direction politique : les Etats européens ne s’ entendent pas entre eux comme tu as pu le constater lors du Sommet européen des 22, 23 Octobre, ils n’ ont pas pu se mettre d’ accord pour modifierle rôle de la BCE. La finance et les banques ont encore de beaux jours devant elles.

 

En attendant, va jouer dehors et dis à ta soeur de rentrer car son professeur d’ anglais commercial est là.

 

Pour la maman        Gérard ESTIOT 

 

Coucou !   me revoilà !

Gérard ESTIOT