La réalité de la crise chypriote

Les intérêts de la finance internationale préservés : certes les deux mauvais élèves (les deux grosses banques citées ci-dessus) ont été touchées, mais le système bancaire européen demeure et perdure en ayant échappé au risque systémique qui le menaçait. Grâce à l’ action conjointe des chrétiens – démocrates et des sociaux – démocrates allemands  qui se sont unis pour qu’ Angela MERKEL puisse faire adopter sa solution. C' est donc la suprématie de la voix allemande qui prédomine encore dans l' Union européenne. Avec, en prime, une bonne nouvelle pour tous les Européens : votre argent n’ est pas à l’ abri dans votre banque. Le Président de la Zone euro (= Eurogroupe) avait même envisagé d’ étendre la « solution » chypriote à toutes les banques européennes défaillantes. Avant de se rétracter. Mais le précédent est créé. Un eurodéputé suédois conservateur Gunnar HÖKMARKVA va déposer un texte au Parlement européen pour faire participer les dépôts bancaires de plus de 100 000 euros au sauvetage des banques privées défaillantes.

Une solution pour les peuples européens pour se garantir de tels excès du libéralisme manière UE :  séparer les banques de dépôts des banques d’ affaires, mettre un contrôle citoyen (par les Parlementaires et les associations citoyennes) sur le fonctionnement des banques, remettre des lois sur ce fonctionnement des banques et exiger leur transparence, leur interdire le hors – bilan qui leur laisse les moyen de spéculer. Mais aussi mieux contrôler le système bancaire parallèle (= shadow banking system), les plates-formes électroniques (= dark pools) facilitant les mouvements financiers et taxer les transactions financières passant par le courtage à haute fréquence (= high frequency trading), les bourses alternatives mises en place par les fonds spéculatifs : des moyens de contrôle existent !!!!

Gérard ESTIOT

Crise Chypriote : fin provisoire?

Le rôle de l' Etat russe: cela fait un moment que la Russie lorgne sur CHYPRE. Outre les facilités bancaires accordées par les banques chypriotes, l' île représente un point important pour le tourisme russe sur place et dans toute le bassin méditerranéen. Vladimir POUTINE est en position de force grâce à la crise chypriote. Car l' Etat russe envisage de restructurer la dette chypriote qui s' élève à 2,5 milliards d' euros vis - à - vis de la Russie avec 4,5% d' intérêts.  Mais POUTINE espère aussi que le Gouvernement chypriote cédera et lui communiquera la liste des comptes de Russes évadés fiscaux de Russie (autant d' argent perdu pour l' Etat russe). POUTINE espère aussi obtenir un port chypriote pour la flotte militaire russe en Méditerranée. En plus des facilités pour exploiter le gaz naturel dans le sous - sol marin (car GAZPROM ne lâche pas l' affaire).

Un peuple trompé et bafoué : les manifestations populaires ont eu un effet limité. Certes les dépôts de moins de 100 000 euros ne seront pas taxés mais l’ accès des petits épargnants à leur argent est très limité car les banques chypriotes n' ont pas ré ouvert et les opérations financières par cartes bancaires sont toujours bloquées depuis une semaine. Ce qui va accroître la crise économique de CHYPRE si les liquidités en argent ne circulent plus. Il y aura une hausse certaine du chômage à CHYPRE.  Les Chypriotes ne verront pas la couleur des 10 milliards d’ euros accordés par la BCE. L' Union  européenne a choisi les gros épargnants contre les petits épargnants, elle a choisi le sauvetage des banques malfaisantes contre le peuple. Il est légitime aussi de s’ interroger pourquoi l’ UE n’ a pas utilisé le Mécanisme Européen de Stabilité qu’ elle nous présentait l’ an dernier comme le miracle pour sauver les pays européens endettés.

Gérard ESTIOT

La fin de cet article demain......

Crise chypriote : fin provisoire ?

Durant une longue réunion ce dimanche 23 Mars, un accord a été trouvé entre l’ Union européenne et CHYPRE pour sortir de la crise. Qui représentait  l’ Union européenne ? 4 présidents et une « guest star »

•         Mario DRAGHI président de la BCE, ex représentant de GOLDMAN SACHS

•         Manuel BARROSO président de la Commission européenne

•         Herman Van ROMPUY président du Conseil européen

•         Jeroen DIJSSELBLOEM président de l’ Eurogroupe, ex – ministre des Finances des Pays - Bas

•         En « guest star » Christine LAGARDE directrice générale du FM, ex – ministre des Finances et de l’ Economie en France

Pour quels résultats ? deux banques touchées, les intérêts de la finance internationale préservés, un Parlement démocratique bafoué, un peuple trompé et spolié.

Un Parlement bafoué : cet accord sera appliqué même si le Parlement chypriote le rejette, alors que pendant 3 jours ce Parlement chypriote avait refusé le précédent plan. Bonjour le respect de la démocratie élective.

Deux banques chypriotes touchées : mais pas la Finance internationale

a)   Une banque, la banque Populaire Laïki est supprimée. Les obligations de sociétés émises par cette banque sont réduites à 0 : donc 100% de pertes pour leurs propriétaires. Les retraits aux distributeurs de billets sont limités à 100 euros par jour. Revoilà les files d’ attente ! Des milliers d' emplois seront  supprimés. Les comptes bancaires de - de 100 000 euros seront transférés vers la banque restructurée Bank of Cyprus. Les comptes supérieurs à 100 000 euros seront gelés pour payer les dette de Laïki et pour restructurer Bank of Cyprus. Elle sera partagée en deux (comme cela a été le cas pour la Banque franco – belge DEXIA)

+ une structure de défaisance : « bad bank » = mauvaise banque pour liquider la partie toxique des dettes bancaires

+ un structure d’ assainissement : « good bank » = bonne banque pour sauver les actifs sains, dont 1 milliard d’ euros déjà versés par la BCE.

b)   Une banque restructurée Bank of Cyprus : probablement parce qu' elle possède beaucoup de déposant russes et 10% de ses actionnaires sont russes. Les distributeurs de billets seront limités à 120 euros par jour. Encore des files d’ attente en perspective ! Elle va recevoir 9 milliards d’ euros de la BCE, sans compter l' apport de la banque détruite Laïki. C' est cette banque qui tire les marrons du feu.

A suivre les deux prochains jours   Gérard ESTIOT

CHYPRE et les dessous de l’ UE

L’ Union européenne  avait décidé de l’ avenir de CHYPRE sans tenir compte de l’ avis du représentant de sa banque centrale (contre le consensus requis à la BCE et inscrit dans le droit européen, mais bafoué par Mario DRAGHI président de la  BCE) et contre l’ avis des représentants nouvellement élus à CHYPRE et contre l’ avis du peuple chypriote. Avec, en plus, la menace de faire sortir CHYPRE de l’ la zone euro. Cela vous rappelle – t – il quelque chose ?

Si CHYPRE n’ accepte pas le diktat européen, elle sera laissée à son triste sort, avec sa situation économique liée à la crise grecque et le défaut de paiement de sa dette.

Mais que voit – on depuis cinq jours ? Le peuple chypriote refuse d’ être étranglé par l’ UE. Les parlementaires chypriotes refusent le plan de la TroÏka.  Le problème ,pour l’ UE, c’ est que des élections démocratiques viennent d’ avoir lieu et l’ UE ne peut faire pression pour recommencer ces élections.

Qu’ est – ce qui intéresse donc tant l’ UE et la Russie ? Ce n’ est pas le fait que CHYPRE soit une place financière offshore et que son secteur bancaire a pris une place monstrueuse dans l’ économie chypriote. C’ est l’ existence de réserves importantes de gaz naturel offshore.  Et GAZPROM et TOTAL sont sur les rangs depuis 2012 .

  Les grandes multinationales veulent se partager l’ exploitation et les juteux bénéfices du sous – sol de la Mer Méditerranée. Et l’ avis des peuples n’ a pas de poids à leurs yeux. Pas si sûr.

Gérard ESTIOT

La « noble » secouriste : la Troïka

La Troïka ( FMI + BCE + Commission européenne) a accepté d’aider CHYPRE contre un Plan d’ AUSTERITE qui ressemble à tous les autres plans d’ AUSTERITE imposés aux Etats européens en difficultés (Grèce, Espagne, Portugal, Italie) :

·         Baisse du salaire des fonctionnaires de 15%

·         Baisse des prestations sociales de 10%

·         Augmentation de la TVA

·         baisse de l’aide au logement

·         passage de l’ impôt des sociétés de 10% à 12,5%.

En échange, la Troïka accepte de prêter 10 milliards d’ euros sur les 17 milliards demandés par CHYPRE. Elle oblige la taxation des dépôts bancaires de la manière suivante : pour les dépôts inférieurs à 100 000 euros : 6,75% ; pour les avoirs supérieurs : 9,9%. Ce qui devrait rapporter 5,8 milliards d’ euros et combler ainsi l’ aide financière demandée à l’ Union européenne.

Mais l’ Union européenne a eu peur d’ une nouvelle crise systémique du système bancaire. Mais pourquoi ne fait – elle rien contre les paradis fiscaux européens, contre l’ évasion fiscale, contre la dérégulation des banques européennes ?

L’ Institut de la Finance Internationale (=IFI, qui représente 450 banques mondiales) crie au loup car elle a peur de l’ exemplarité de cette mesure de taxation. En effet, les banques privées appellent très facilement au secours les Etats et les Banques centrales lorsqu’ elles sont en difficulté. Elles n’ aiment pas du tout que l’ on bouscule les règles et que l’ on vienne « prendre de l’ argent » directement chez elles. Ce qui prouve qu’ il s’ agit bien d’ une crise bancaire et non pas d’ une crise de l’ euro !!!!

Gérard ESTIOT